Une des grandes ironies de notre époque est que les jeunes sont ceux qui travaillent le plus pour lutter contre le changement climatique, alors qu'ils sont le groupe qui souffre le plus et qui est le plus privé de ses droits dans le discours sur le changement climatique et la durabilité. L'un des facteurs contribuant à cette situation est qu'une grande partie du travail sur le changement climatique dépend des personnes qui offrent leur temps et leurs compétences, ce qui crée un obstacle pour tous ceux qui ont la motivation de s'informer sur la justice climatique, mais qui n'ont pas les moyens économiques ou le savoir-faire nécessaires pour poursuivre ce travail.
Comment remédier à cette situation ? L'une des solutions consiste à permettre aux jeunes d'accéder à des emplois et à des carrières dans le secteur en plein essor des faibles émissions de carbone, et à les aider à s'engager dans des activités bénéfiques pour leurs communautés. L'organisation Youth Climate Corps BC (YCCBC), dirigée par Ben Simoni, directeur exécutif, est l'une des organisations qui défendent cette cause. Le YCCBC s'est donné pour mission de lutter contre la crise climatique par le biais d'une justice régénératrice, en dotant les jeunes des compétences nécessaires pour mener à bien des projets d'action climatique. Ces programmes, d'une durée de 4 à 6 mois, offrent aux participants un aperçu de la science climatique, des projets communautaires et des possibilités de carrière dans le domaine de l'action climatique. Plus de 75 % des participants à ces programmes continueront à travailler dans le domaine de l'action climatique ou poursuivront leurs études dans ce domaine !
M. Simoni souligne qu'il est impératif de s'attaquer à l'anxiété des jeunes face au climat et d'encourager une main-d'œuvre résiliente pour mener des initiatives dans ce domaine : "De plus en plus de jeunes veulent travailler dans le respect de leurs valeurs", affirme M. Simoni, qui met en évidence un penchant croissant pour les carrières liées à l'action climatique et à la justice. Un exemple que Ben a partagé et qui démontre les opportunités croissantes dans ce secteur est une initiative d'embauche par l'American Climate Corps, visant à émuler les efforts de création d'emplois au Canada dans des secteurs tels que la sylviculture et l'énergie propre. L'espoir est de créer le même projet et les mêmes opportunités de travail pour le YCCBC au Canada*.
Le YCCBC s'efforce d'éliminer les obstacles à l'accessibilité, notamment les contraintes financières, en offrant un salaire décent aux participants au programme. Cet engagement en faveur de l'inclusion financière distingue le YCCBC, en garantissant que le statut économique n'empêche pas les jeunes de s'engager dans l'action climatique. En outre, l'organisation s'attaque aux obstacles éducatifs en offrant à tous les participants une formation complète et des possibilités de développement des compétences.
En tant qu'organisation à but non lucratif, elle recherche activement des financements pour soutenir ses projets en Colombie-Britannique et être en mesure de verser des salaires décents aux jeunes travailleurs. Souvent, elle trouve des partenaires financiers auprès des gouvernements locaux, mais l'obtention de ces fonds peut prendre beaucoup de temps et nécessiter des démarches bureaucratiques. C'est pourquoi le financement fourni par la La Bourse d'action Jeunesse Havre a été d'un grand soutien. La flexibilité du financement est particulièrement utile, surtout lorsqu'il s'agit de trouver des fonds pour des initiatives dirigées par des autochtones et pour lesquelles il n'y a pas de contrôle direct sur le terrain.
Lorsqu'on lui a demandé quel projet il trouvait particulièrement intéressant, Ben a répondu en riant :"Tous sont intéressants !Un projet récent est le projet de revitalisation des Kwakwaka'wakw, qui s'est concentré sur la résurgence culturelle, l'autonomisation des jeunes et le soutien des anciens et de la matriarchie. Ce projet est considéré par Ben comme l'une des principales réalisations de l'organisation, qui a su développer une relation solide avec la communauté. L'établissement de relations solides avec la communauté reste essentiel pour YCCBC, car il facilite la collaboration sur des projets ayant un impact. Pour l'avenir, l'organisation s'efforce d'étendre ses programmes à l'ensemble de la Colombie-Britannique, en faisant pression sur les gouvernements pour obtenir un financement accru et élargir son champ d'action.
Ben a expliqué que ce qui le motive dans son travail, c'est de"voir les jeunes devenir des leaders dans leur communauté".Il a également mentionné qu'il peut être difficile de mesurer l'impact des projets parce qu'ils doivent utiliser différentes méthodes en fonction du projet et de la communauté. L'une des façons de mesurer leur impact est de suivre les journées d'action pour le climat - 7 000 d'entre elles ont été réalisées jusqu'à présent depuis leur création ! Un autre moyen est le nombre de participants, et depuis le lancement en 2020, plus de 80 jeunes ont participé à leurs programmes.
Alors que le YCCBC se lance dans des projets futurs, l'horizon regorge d'opportunités pour les jeunes de catalyser l'action climatique et la justice dans leurs communautés. Grâce à un réseau de soutien et à un engagement en faveur de l'autonomisation, la voie est tracée pour que les jeunes deviennent des intendants et des leaders dans la lutte contre le changement climatique.
*Le siège du YCCBC est reconnaissant d'être situé sur les terres traditionnelles et non cédées des Sinixt, des Syilx et des Ktunaxa.