En matière d'environnement, tout est lié. Prenons l'exemple de l'utilisation des pesticides : nuire à de grands groupes d'insectes a un impact sur la quantité de nourriture disponible pour les animaux tout au long de la chaîne alimentaire, et l'augmentation de la toxicité peut entraîner la mort prématurée d'animaux plus gros. Les pesticides pénètrent également dans les systèmes d'eau, empoisonnant le sol et les cours d'eau, et finissent par nuire à la vie terrestre et aquatique. Ces impacts s'étendent aux humains : nous consommons du poisson et des animaux qui ont accumulé des niveaux élevés de toxines, et nous buvons de l'eau contaminée.
Cependant, lorsque les effets environnementaux s'étendent aux humains, ils ne sont pas répartis de manière égale. Au Canada, les avis à long terme concernant la qualité de l'eau potable ne concernent que les communautés autochtones. Même dans les communautés où l'eau est propre, elle n'est souvent pas accessible aux personnes sans domicile. Le concept de justice environnementale englobe les inégalités créées ou exacerbées par les effets sur l'environnement, et affirme que lutter contre les dommages environnementaux signifie également lutter contre la manière dont ces effets ciblent des populations déjà vulnérables ou marginalisées.
Le Guelph Environmental Justice Collective est une initiative communautaire fondée sur les principes de la justice environnementale et qui vise à fournir une assistance à court et à long terme aux personnes les plus touchées par le changement climatique. Soutenu par les Water Watchers, le GEJC adopte une approche centrée sur les droits de la personne dans son travail. Cela se traduit par une grande partie de son travail qui se concentre sur l'amélioration de l'accès à l'eau potable, aux services d'assainissement et à un logement durable pour les personnes sans abri ou mal logées dans la région de Guelph. Les obstacles à cet accès comprennent les effets environnementaux, tels que l'augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes et des conditions météorologiques imprévisibles, et les politiques municipales à l'égard de la population sans logement.
Dans la poursuite de sa mission, le GEJC mène trois types d'actions : des efforts de secours immédiats à court terme, des solutions et des protections à long terme, et la sensibilisation de la communauté et le soutien à l'action locale. En ce qui concerne les actions à court terme, le GEJC a déjà plusieurs projets en cours. Le premier se concentre sur l'accès à l'eau et à l'assainissement dans le cadre d'une relance de l'initiative Blue W qui encourage les entreprises locales à afficher un symbole dans leur vitrine qui les présente comme un point d'accès à l'eau potable, aux toilettes ou aux douches. Leur deuxième projet vise à protéger les personnes vivant dans des tentes ou des campements contre le froid et les tentatives dangereuses de se réchauffer. De nombreux incendies de tentes ont été signalés à Guelph au cours de l'hiver, les gens essayant de chauffer leurs tentes. Le GEJC développe une initiative visant à étudier la construction de chauffages sûrs pour les tentes qui ne produisent pas de fumées toxiques, maintiennent la flamme à l'abri et s'éteignent immédiatement lorsqu'ils sont renversés. Ces chauffages sont peu coûteux, accessibles, fonctionnels et, surtout, sûrs.
La résistance à de nombreuses politiques anti-campement proposées par le conseil municipal est un exemple des stratégies à long terme du GEJC. Le règlement sur l'utilisation de l'espace public, proposé en janvier 2024, forcerait le déplacement des personnes sans logement d'une vingtaine de campements dans la ville de Guelph. Le GEJC a mené une campagne par e-mail et a soutenu plus de 50 délégations au conseil municipal pour protester contre cette politique, qui devait entrer en vigueur en février, en plein hiver. Ces actions ont contribué au report de l'arrêté le 14 février, et en mars 2024, la politique n'avait toujours pas été acceptée.
Enfin, le GEJC encourage et mène une campagne de sensibilisation de la communauté aux défis auxquels sont confrontées les personnes sans abri en raison du changement climatique. En décembre, il a organisé son événement Community Connect pour partager ses informations et ses objectifs avec le public. Plus encore, l'événement Community Connect a également été l'occasion de nouer des relations avec des personnes sans abri ou mal logées, jetant ainsi les bases d'une action collaborative pour l'avenir. Le GEJC crée également des ressources pour les personnes sans abri et la communauté de Guelph, notamment en élaborant un guide de poche qui indique où trouver de l'eau, des abris, des douches, des toilettes, des stations de réchauffement et des stations de refroidissement.
Ce n'est que le début pour le Guelph Environmental Justice Collective. Leur approche met l'accent sur l'intention, l'écoute et la collaboration, en déclarant que « nous allons lentement pour pouvoir aller vite ». De telles actions signifient que le GEJC parvient à créer des impacts plus efficaces et significatifs dès le départ. En agissant à trois niveaux différents, le GEJC nous montre à quel point ces questions sont complexes et à quel point nous avons besoin de collaboration et d'un plan global pour créer un changement à la fois immédiat et durable.
* En mémoire de notre amie et militante communautaire dévouée Kate Nixon
* Le Guelph Environmental Justice Collective réside sur les terres et le territoire des Mississaugas de la rivière Credit.